Que pensent les influenceurs techniques du dépérissement du vignoble ?

Que pensent les influenceurs techniques du dépérissement du vignoble ?
25 septembre 2020

Que pensent les influenceurs techniques du dépérissement du vignoble ?

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Que pensent les influenceurs techniques du Plan dépérissement ? Cette question a été posée à 200 techniciens  de la filière viticole en avril 2020 lors d'une enquête menée par le cabinet BIPE-BDO à la demande de France AgriMer. Cet article présente les résultats à retenir de cette enquête exclusive menée dans le cadre de l’évaluation intermédiaire du Plan Dépérissement trois ans après son lancement.

Qui sont les influenceurs techniques de la filière ?

Grâce aux réponses fournies par les 200 techniciens, le cabinet BIPE-BDO estime que cet échantillon représente environ 1000 influenceurs techniques travaillant au service des viticulteurs. Leur répartition entre les différentes structures publiques et privées est précisée ci-contre : chambre d’agriculture, structure privée, coopérative agricole, organisations professionnelles, pépinières et Gdon, Fredon…

Les influenceurs techniques de la filière suivent environ 90 exploitations par an ce qui représente 40% des exploitations viticoles françaises. Ils interviennent auprès des viticulteurs sur la protection phytosanitaire, la conduite du vignoble, la gestion du sol et de la fertilité, la transition écologique et le matériel végétal. Certains techniciens des chambres d’agriculture déclarent également intervenir sur du conseil en stratégie ou gestion d’entreprise.
Deux tiers des influenceurs techniques de notre filière sont des hommes et près d’un sur deux sont âgés de 35 à 50 ans. Toutefois, on note une présence importante de femmes dans les jeunes générations.

Quelles sont les préoccupations des viticulteurs vis-à-vis des dépérissements ?

Dans la gestion des dépérissements, la longévité des parcelles et les rendements constituent les deux leviers sur lesquels agir. La préoccupation des viticulteurs quant au dépérissement semble importante dans tous les bassins viticoles. En effet, selon les influenceurs techniques, plus 60% des vignerons sont très préoccupés par le rendement de leurs parcelles et plus de la moitié s’inquiète du taux de mortalité des ceps. Quand ils constatent des problèmes de surmortalité, ils sollicitent des conseils sur la complantation (entreplantation), l’opportunité d’arracher et de renouveler une parcelle et le choix du matériel végétal.

Les techniciens estiment que les maladies du bois, et les aléas climatiques (gel tardif, stress hydrique) sont les principales causes des dépérissements au cours des cinq dernières années. Les résultats restent très variables en fonction des bassins de production. Par exemple, dans les vignobles champenois et alsaciens, ce sont les viroses qui sont identifiées comme majoritairement responsables des dépérissements bien avant les maladies du bois et les phytoplasmes. Parmi les stress environnementaux, le gel tardif touche davantage la région de Cognac alors que les conditions climatiques extrêmes sont citées par le Centre Val de Loire et les vignobles du sud de la France.

Comment la notion de dépérissement est-elle désormais abordée sur le terrain ?

70% des techniciens interrogés déclarent avoir évolué dans leur manière de répondre aux dépérissements depuis le lancement du Plan. L’enquête permet donc de constater un véritable changement de paradigme dans la gestion des dépérissements. D’une problématique uniquement « maladies du bois », les techniciens ont pris conscience du caractère multifactoriel des dépérissements. Ils sont d’ailleurs plus de 65% à proposer une approche globale du dépérissement à leurs viticulteurs et à les convaincre facilement de l’intérêt de la démarche.

Autre résultat instructif, plus d’un viticulteur sur deux sollicite directement une approche globale pour gérer ses difficultés de rendement ou de mortalité. Les solutions proposées passent souvent par un examen du mode de conduite du vignoble voire par une réflexion environnementale ou même la mise en place d’expérimentation. La recherche d’une solution unique pour lutter contre les dépérissements n’est plus d’actualité.

Comment viticulteurs et techniciens travaillent-ils ensemble ?

Dans tous les bassins viticoles, 85% des techniciens encouragent les viticulteurs à être proactifs sur la prospection et la détection des maladies. Ils sont plus de 80% à encourager la formation des viticulteurs aux bonnes pratiques de taille et à la prospection collective des vignobles « proposer des formations groupées comme pour le cas de la flavescence dorée ou l’enroulement (gestion communale)». Ces formations devront être pratiques et alterner formation en salle et dans les vignes « interventions combinant présentations en salle et sorties sur le terrain ». Certains influenceurs techniques estiment que les viticulteurs « seront convaincus s’ils voient leur voisin faire au quotidien ». 

Les influenceurs techniques ont également été interrogés sur la sensibilisation des viticulteurs au changement des pratiques. Ils sont nombreux à considérer qu’il faut agir sur différents tableaux en multipliant les conseils individualisés et les démonstrations des techniques qui fonctionnent. Informer, dialoguer et partager semblent être les clés de la réussite pour un changement des pratiques des viticulteurs. Beaucoup soulignent l’importance du collectif en citant par exemple « voir des cas concrets dans une typicité d’exploitation identique à la leur », « trouver un format concret avec du terrain en petits groupes et chaque année pour bien intégrer », « par des interventions combinant présentations en salle et sorties sur le terrain ».

Signe positif vers la pépinière, plus de 80% des référents techniques insistent pour que les viticulteurs anticipent les plantations et les encouragent même à expliciter leurs attentes sanitaires ou de résistance à leur pépiniériste.
 

Retrouvez ici les résultats complets de l'étude

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