Les actus autour du Matériel végétal

Les actus autour du Matériel végétal
24 mars 2020

Les actus autour du Matériel végétal

Thématiques

Création d'une nouvelle instance de coordination du matériel végétal

Obtenir du matériel végétal de qualité, en quantité suffisante, en lien avec les pépiniéristes est l’ambition n°2 du Plan national dépérissement. Or le changement climatique, la menace de nouvelles maladies remettent en cause les schémas existants en matière diffusion de matériel végétal. Face à ce constat, le Conseil de surveillance du Plan national dépérissement, ainsi que l’IFV (Institut français de la vigne et du vin) et la FFPV (Fédération française de la pépinière viticole) ont décidé, le 10 octobre dernier, de créer une instance de concertation nationale.

Cette instance permettra de rassembler l’ensemble des parties prenantes concernées par les enjeux du matériel végétal : les interprofessions, l’IFV, la FFPV, la marque Vitipep’s, les établissements de pré-multiplication porteurs de projets. Sa première mission sera d’établir un schéma général de diffusion du matériel de base, depuis le plan de contrôle sanitaire et la traçabilité du matériel de pré-multiplication jusqu’à la vente du plant certifié.
L’instance effectuera également un suivi de la mise en œuvre des projets des établissements de pré-multiplication (culture sous serre insect proof), en proposant un accompagnement technique, des formations, le financement d’actions de R&D...

Préparer le futur avec le matériel végétal

La hausse des températures et la modification du régime des pluies impactent la vigne à plusieurs niveaux : son cycle végétatif est avancé, l’exposant davantage aux gelées printanières.
La maturation a tendance à se faire plus tôt. Les épisodes de sécheresse printanière ou estivale se multiplient. Face à ce défi climatique, la diversité génétique de la vigne peut aider les vignerons à maintenir les rendements et la qualité des vins, en adaptant les clones cultivés, les porte-greffes, voire, en changeant de cépage. Plusieurs degrés d’évolution peuvent s’envisager, en fonction de ce que dictera le climat.

Diversité intra-variétale

Dans un premier temps, les vignerons peuvent exploiter au mieux la diversité clonale déjà connue. Par exemple, il existe 47 clones de pinot noir inscrits au catalogue. 15 sont multipliés en Champagne, et seulement six sont utilisés couramment.
Mais toute la diversité intra-variétale n’est pas encore connue. Elle a toutefois déjà fait l’objet d’un travail de repérage et de collecte  depuis de nombreuses années. Outre les conservatoires nationaux (Inrae et IFV), il existe en effet 178 conservatoires régionaux  qui hébergent environ 20 000 accessions.
La CTNSP (Commission technique nationale de sélection et de participation) regroupe 36 partenaires de la sélection gérant ces conservatoires.
Elle travaille actuellement à mieux caractériser ce patrimoine. Par exemple, différents outils sont en test, afin d’acquérir des informations pertinentes, le plus rapidement possible, avec un protocole homogène entre les régions. Les données vont être regroupées dans une base commune, au niveau national. Cette caractérisation agronomique pourrait permettre de découvrir des ressources utiles encore inexploitées.

Porte-greffe et nouvelles variétés

L’autre voie d’adaptation « rapide » au changement climatique repose sur les porte-greffe, grâce à leurs effets sur la durée du cycle végétatif et sur la tolérance à la sécheresse. Autre intérêt : ils ne sont pas régis par les cahiers des charges des appellations.
Le Comité Champagne, le Conservatoire du vignoble charentais et la Chambre d’agriculture de l’Aude ont repéré une dizaine de porte-greffe potentiellement intéressants. Le Comité Champagne en a déjà planté trois dans son domaine expérimental (333 EM, Georgikon 28 et 775 Paulsen) pour les évaluer ou les réévaluer. Les essais sont coordonnés au niveau national, afin de tester les limites du matériel végétal dans des conditions agronomiques variées et de disposer de données homogènes.
À plus long terme, si le réchauffement se poursuit, il sera peut-être nécessaire d’abandonner certains cépages ou d’en adopter de nouveaux . Après tout, c’est l’histoire de nos vignobles : les cépages ont évolué au fil des siècles. Mais lequel choisir parmi les 6 000 connus aujourd’hui ? Là encore, des évaluations sont en cours  dans la plupart des régions.
Une vingtaine de cépages sont suivis en Champagne, par exemple. Tout comme sont évaluées de nouvelles variétés : celles issues du programme Inra-Resdur, mais aussi des variétés obtenues à partir des programmes régionaux.

Un pilote de prémultiplication sous serre en Gironde

La Chambre d’agriculture de Gironde teste la culture de vignes-mères en pots dans deux serres pilotes, en région bordelaise, depuis le printemps 2019. Une première étape pour sécuriser la production de matériel de base face aux menaces telle que Xylella fastidiosa.
Le Plan national dépérissement a pour ambition d’obtenir des plants de qualité en quantité suffisante. Dans ce cadre, une réflexion a été initiée par l’IFV pour réorganiser la pré-multiplication, avec ses partenaires. La Chambre d’agriculture de Gironde, qui fait partie des organismes pré-multiplicateurs depuis 1973, s’est ainsi engagée à faire évoluer la culture de ses vignes-mères aujourd’hui dans des parcelles « classiques » en extérieur, vers une culture protégée des insectes vecteurs de maladies, sous serre confinée ou au moins sous filets. Mais cette évolution nécessite d’acquérir un nouveau savoir-faire technique. Car actuellement, en France, la culture de la vigne sous serre est essentiellement destinée à des fins de recherche. Or l’objectif, ici, est d’obtenir du matériel végétal en plus grande quantité. Une étude a donc été lancée en 2018 par le CSMV (Centre de sélection et de multiplication de la vigne), pour explorer les conditions de culture sous serre. Le pilotage de ce projet est assuré par un groupe de travail réunissant de nombreux partenaires (Chambre d’agriculture, IFV, interprofessions, Conseil régional, ODG, pépiniéristes, établissement d’enseignement.

Première année de culture positive 

La phase opérationnelle a débuté au printemps 2019, avec la mise en place de plants dans deux serres : l’une « classique » et l’autre photovoltaïque.
Pour ce test, la variété résistante Vidoc a été choisie, afin d’éviter le plus possible les traitements en confinement. Un porte-greffe (le SO4) a également été choisi. Les plants sont cultivés dans des pots.
La première année de culture s’est révélée positive : les plants, palissés jusqu’à 2m, ont produit plus de 4 m de bois, avec des rameaux aoûtés à 80% aux premières gelées. Vidoc a fourni des bois de 6 mm, diamètre considéré comme nécessaire pour le greffage. Le porte-greffe un peu moins. Il reste désormais à effectuer les greffages et à vérifier si les taux de reprise sont affectés par ce mode de culture. Premières réponses très prochainement.
L’année 2020 verra aussi un agrandissement du dispositif, avec plus de variétés de greffons et de porte-greffe. Les questions sur l’irrigation et sur l’organisation spatiale de la serre seront travaillées (quel type de pot ? Combien de pots par rang ? Pour des pieds de quelle hauteur ? Etc).

Crédits photos : Vitipep's
 

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