Interview de Lucas Merlo - Le rôle des GDON dans la lutte contre la Flavescence Dorée
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Lucas Merlo est vigneron indépendant à Gaillac au domaine Laubarel où il exploite 7 hectares de vignes. Il est également président du (Groupement de Défense contre les Organismes Nuisibles) Gdon de Gaillac et trésorier de la fédération départementale des Gdon (FDGDON) du Tarn.
Quelle est la situation par rapport à la flavescence dorée à Gaillac et plus largement au niveau du Tarn ?
Toutes les communes de l'appellation sont en périmètre de lutte obligatoire (deux traitements insecticides et un troisième en fonction des résultats de l'analyse de risque). Lors des prospections de cette année, 12 000 pieds atteints ont été coupés et 4 hectares doivent être arrachés administrativement. La situation est inquiétante et le bruit de fond de la maladie est présent sur l'ensemble du vignoble.
Comment est organisée la lutte contre la flavescence dorée dans le vignoble de Gaillac?
Le Gdon de Gaillac et la fédération départementale des Gdon du Tarn se sont constitués en 2018, mais nous sommes engagés dans la lutte contre la flavescence dorée depuis 2014.
Tous les ans, nous organisons des prospections de nos vignes durant les mois de septembre et octobre. Trois mille hectares (soit 50% de la surface de l'AOC) sont ainsi prospectés par des salariés expérimentés qui réalisent également un assainissement des parcelles, c'est-à-dire qu'ils coupent les pieds présentant des symptômes de Flavescence Dorée. Pour les parcelles dont plus de 20% des pieds sont contaminés, l'arrachage de la parcelle devient obligatoire.
Nous travaillons en partenariat avec la chambre d'agriculture du Tarn qui encadre la prospection et réalise les cartographies. Toutes les prospections sont réalisées en fonction de l'analyse de risque. Les pieds contaminés sont systématiquement géolocalisés. Nous disposons donc depuis 2014 d'un suivi précis de nos parcelles et de la propagation de la maladie. Tous les ans, nous testons de nouvelles techniques de comptage et organisons des survols par drones.
Pouvez-vous nous parler des actions mises en place par le GDON ?
Nous menons des actions pédagogiques avec les viticulteurs touchés. Nous tentons de convaincre certains viticulteurs qui demeurent dubitatifs sur l'intérêt collectif de lutter contre la maladie. Hélas, certains refusent d'appliquer les traitements obligatoires, d'autres recèpent les pieds contaminés qui ont été sciés lors des prospections.
A l'échelle de la FDGDON du Tarn, nous travaillons avec les pouvoirs publics dans le cadre de la grande région Occitanie. Ce n'est pas simple d'organiser la lutte contre la FD à l'échelle de ce grand territoire. Tous les vignobles ne sont pas organisés de la même façon. Nous prospectons rang par rang depuis 2014 et suivons avec attention la propagation de la maladie. En 2020, la Draaf a financé 5 € par hectare prospecté, ce qui vient compléter les 7,5 euros par hectare planté financés par les vignerons. Cette dotation nous permet de prospecter nos vignes du Tarn de façon minutieuse.
Comment améliorer la lutte contre la flavescence dorée?
Pour être plus efficace dans la lutte contre la flavescence dorée, nous aurions besoin d'un appui sur le terrain des services de la Draaf. Pour l'instant, seuls quelques contrôles documentaires sont réalisés. Nous aimerions que d'avantages de contrôles sur le terrain soient menés, cela nous permettrait d'éradiquer certains foyers de contamination.
A l'échelle de la commune de Lisle sur Tarn, nous réfléchissons à la mise en place d'un arrêté de péril imminent pour obliger les propriétaires de vignes contaminées et non entretenues ou en friche, à les arracher. Si cet arrêté pouvait être mis en place à l'image de ceux qui existent sur les bâtis dangereux, nous pourrions ainsi progresser de manière significative dans la gestion de l'épidémie.
Crédit Photo : Lucas Merlo, Domaine Laubarel.
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